ATARI ST Chaque époque aura eu son petit génie milliardaire de l'informatique, avec son ascension fulgurante, sa période mégalo et, évidemment, sa chute. Souvenez-vous des Clive Sinclair (Amstrad), Steve Jobs (Apple) ou Jack Tramiel (Atari). Ils ont tous ça en commun. Rigole Bill Gates avec ta coupe au bol, ça t'arrivera aussi, tu verras... En parlant de Tramiel, nous lui devons quand même une perle des années 80 en matière de sac à puces : l'Atari ST !
Il en existera plusieurs types, du 130 au 260, en passant par les alimentations externes, lecteur de disquette simple face... Tous ces tâtonnements permettront d'arriver à l'ordinateur que nous connaissons tous : le 520STF. Avec lui, un processeur Motorolla 68000 cadencé à 8MHz, une palette de 512 couleurs dont 16 affichables, 512ko de ram, son mono trois voies à huit octaves chacunes (la même puce sonore que l'Amstrad CPC, la honte !), affichage 320 x 200 en 16 couleurs et 640 x 200 en monochrome sur des moniteurs dédiés, alimentation et lecteur de disquette double face 3,5 pouces internes. Le ST n'était résolument pas une machine faite uniquement pour jouer mais plutôt dans le trip familial, avec un pied dans chaque catégorie et pouvant tout faire correctement pour son prix qui était de 5000frs avec le moniteur.
A la fin des années 80, ce fut le 16bits le plus célèbre et qui se vendit le plus dans toute l'Europe. On le déclina ensuite dans des versions étendues, comme le 1040STF, avec 1mo de ram puis des Mega ST orientés PAO, pour contrer le Mac, et des capacités de 2 et 4mo dans sa version ultime qui nous semblaient monstrueuses ; pensez donc, 4mo en 1988...
Ce fut un énorme succès en Angleterre, Finlande et en France. Le ST y régnait en maître. L'Amiga n'était pas encore le patron et était plus cher. De plus, les programmeurs ne l'avaient pas encore bien en main et ne se contentaient que d'y convertir bêtement les jeux Atari dessus avec très peu de différences. Rien qui donnait envie d'investir dedans donc. Pour l'instant... Les clans se formaient tout de même. Comme pour les Beatles et les Rolling Stones dans les années 60, il y avait les pro Atari et les pro Amiga, chacun croyant détenir LA vérité, défendant bec et ongle son bébé et se mesurant à coups de joutes verbales ironiques.
L'Atari séduit sur de nombreux points. Son système d'exploitation pour commencer, le GEM (Graphics Environnement Manager). Figé dans la rom (moins de 200ko, ça laisse rêveur de nos jours...), c'est un véritable bureau avant l'heure. Bon d'accord, il fut entièrement pompé sur l'interface du Mac, avec ses icônes, ses glisser-déposer et autres doubles clics. Mais tout de même, c'était clair, net et surtout, ça ne plantait jamais ! Les fans d'Amiga ne connaîtront jamais ce plaisir avec leur Workbench mal foutu et à charger à chaque fois.
Un autre argument de vente décisif sera les deux prises MIDI en standard sur l'ordinateur. Prenez un 1040, associez-y le programme Cubase et un synthé, vous pouviez déjà élaborer des maquettes musicales de qualité. Beaucoup de studios de l'époque s'en muniront et on en trouvait encore très souvent jusqu'à la fin des années 90 pour de petites tâches.
Enfin, il y avait le côté pro de l'ordinateur. Alors que l'Amiga n'était qu'un ordinateur pour jouer, le ST, lui, rattrapait ses faiblesses ludiques par des applications réellement professionnelles. Calamus pour le traitement de texte, Cubase pour la musique, Degas Elite pour le dessin, GFA Basic pour la programmation et bien d'autres. Certes, l'Amiga possédait également tout ça, mais les programmeurs le trouvaient peu fiable et il plantait très souvent ce qui était inadmissible. A ce propos, Il était très simple de faire taire les pro Amiga en leur rappelant cette cruelle vérité : à savoir que la plupart de leurs si précieux jeux, du moins jusqu'au début des années 90, étaient développés sur Atari puis transcodés et finalisés sur Amiga vu que c'était une horreur à programmer.
La connectique n'était pas en reste sur le ST. Outre les classiques ports souris et joystick (pas pratiques car situés sous l'ordinateur, le STE corrigea ça), on pouvait également brancher une imprimante, un disque dur, un lecteur de disquette externe et un modem sur le port série RS232 pour de la télématique et aussi des parties en réseau (mais oui petits morveux, ça existait déjà à cette époque !). Notons également un port à broches sur le côté pour des cartouches, port qui sera surtout utilisé pour des applications musicales, ST Replay par exemple.
Les jeux furent la clé du succès de l'Atari ST. Les cours de récré des collèges se transformèrent en bruyantes bourses aux échanges de disquettes, certains payant même les dernières news les plus recherchées. Les ventes pyramidales firent la fortune de certains. Si l'on devait faire une petite liste de titres légendaires sur le ST, nous pourrions citer Xenon 2, Epic, Vroom, Rainbow Islands, Dungeon Master, Falcon, Another World, Barbarian 2, Prince Of Persia, Maupiti Island, Gods etc.
Voyant que l'Amiga ne tarderait pas à rattraper son retard, puis à prendre le contrôle du marché des 16bits, Atari lança le STE : 4096 couleurs, un blitter, le son en stéréo. Hélas ! Atari n'a jamais vraiment eu le sens du marketing et n'a pas su s'imposer encore une fois ici. De plus, le STE venait trop tard. Quel était l'intérêt pour les gens d'acheter un STE sans jeux, ou presque, exploitant pleinement ses capacités alors qu'en face, on avait l'Amiga bien implanté, avec des tonnes de titres, et dont les nouveautés faisaient baver tout le monde ? Des histoires fondées de non compatibilité se fit également ressentir avec le STE, freinant les ardeurs dépensières de beaucoup. En effet, certains échangèrent leur baril de STF contre un de STE et se retrouvèrent avec pas mal de leurs anciens jeux favoris sur les bras vu qu'ils ne passaient pas sur leur nouvelle bécane. Au regard des ventes de STE, les éditeurs de jeux ne se donnèrent jamais la peine d'exploiter toutes ses qualités, continuant à développer des jeux « STFien ». Enormément de traîtres passèrent dans le camp adverse et revendirent leur ST pour acquérir un Amiga. C'était le temps des bonnes affaires pour les fidèles d'Atari, en rachetant pour une poignée de clous des tas de jeux plus ou moins originaux...
Vers le début des années 90, les programmeurs finirent par maîtriser pleinement l'Amiga et sortirent dessus des jeux de cinglés tenant sur des tonnes de disquettes. Aussi bien graphiquement qu'au niveau sonore, l'Atari ne pouvait plus suivre et sombra définitivement en 1995 mais sans honte. En 10 ans de carrière, il avait bien rempli sa mission et marqué de son empreinte des millions de personnes.
Article emprunté sur le site Planetemulation, en accord avec l'auteur...